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Mission de secours en montagne, comment ça fonctionne ?

La répartition territoriale relative à l'intervention des forces de gendarmerie (zones rurales) et de police (zones urbaines) dans leurs missions de secours en montagne pose la question de la pertinence actuelle des missions des CRS « montagne ». D'autant que le dispositif actuel a un coût de fonctionnement qui pourrait être diminué en faisant assurer par la gendarmerie la totalité de la mission « secours au montagne » et en mutualisant, dans un cadre interministériel (défense – intérieur), la formation des gendarmes avec l'école militaire de haute montagne (EMHM) créée en 1932 à Chamonix qui assure des cursus de qualification, de perfectionnement et d’expertise au profit des militaires des armées.

La répartition actuelle des missions se divise ainsi : 

Les missions des forces du ministère de l'Intérieur dans le cadre du secours en montagne1 relèvent de la police et d'unités spécialisées de la gendarmerie nationale et de la police nationale :

  1. La gendarmerie nationale qui a un potentiel d'environ 5.000 officiers et sous-officiers de gendarmerie engerbe : des unités du cadre général brigades territoriales de montagne et de haute montagne, pelotons de surveillance et d'intervention de la gendarmerie (PSIG), pelotons d'autoroute (PA), sections de recherches (SR), brigades de recherches (BR) ; des unités de gendarmerie mobile : 10 escadrons de gendarmerie mobile (EGM2) classés « montagne » basés dans le massif montagneux du territoire métropolitain (Alpes, Pyrénées, Jura, Massif central) qui, non seulement excéutent les mêmes missions (notamment de maintien de l'ordre) que les autres EGM, mais aussi en hiver et été fournissent des renforts saisonniers dans les stations de sport d'altitude ; des unités spécialisées3 : 16 Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM4) et 5 Pelotons de gendarmerie de montagne (PGM5) basés dans l'ensemble du massif montagneux du territoire métropolitain (Alpes, Pyrenées, Jura, Massif central, et Corse) et d'outre-mer (La Réunion) qui regroupent en 2015 un effectif d'un peu moins de 300 militaires spécialistes. 
  2. La police nationale6 dispose de personnels (environ 200 policiers spécialistes) des compagnies républicaines de sécurité en montagne (CRS Montagne7) suivantes : la CRS Alpes8 avec sa section Grenoble et ses détachements Albertville, Briançon et Nice qui intervient dans les départements de l’Isère, de Savoie, de la Drôme, des Hautes-Alpes et des Alpes Maritimes ; la CRS Pyrénées9 avec sa section Lannemezan et son détachement Perpignan qui intervient dans les départements des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées Orientales et de Haute-Garonne.
  • la police administrative : secours, recherche et assistance au service des populations, recherche des personnes disparues ou décédées, contrôle du respect des diverses réglementations et constatation des infractions, surveillance du secteur montagneux, participation aux commissions de sécurité (refuge, domaine skiable, ouverture de routes…), prévention des accidents et information du public, expertise auprès des services de l’État et des partenaires privés sur les problématiques de sécurité en montagne ;
  • la police judiciaire : traitement judiciaire des interventions de secours, conduite des enquêtes consécutives à des accidents en montagne, réalisation d'expertises au profit de l'institution judiciaire.

Ces unités de gendarmerie et de police interviennent en alternance, cependant les CRS s'appuient sur les sections et les détachements aériens de gendarmerie10 (Chamonix, Digne-les-Bains, Briançon, Modane, Ajaccio...).

La formation des personnels des unités spécialisées « montagne » du ministère de l'Intérieur est assurée par 2 centres implantés à Chamonix :

  • pour la gendarmerie nationale : le Centre national d'instruction au ski et à l'alpinisme de la gendarmerie (CNISAG) créé en 1988 qui forme des gendarmes aptes à porter secours en milieu montagnard et à exercer des missions de police judiciaire ;

  • pour la police nationale : le Centre national d'entraînement à l'alpinisme et au ski (CNEAS) créé en 1955 qui assure la formation d'autres policiers comme ceux du RAID et du GIPN.


1Cette mission est assurée par la gendarmerie nationale et la police nationale conjointement avec les unités des services départementaux d'incendies et de secours (SDIS) du massif montagneux du territoire national : les groupes montagne sapeurs-pompiers (GMSP).

2Annecy, Chambéry, Digne-Les-Bains, Gap, Grenoble, Paliers, Pontcharra-sur-Breda, Saint-Etienne-Les-Remiremont, Saint-Gaudens, Tarbes.

3Leur création résulte du retour d'expérience suite à l'affaire Vincendon et Henry décédés dans le Massif du Mont Blanc le 22 décembre 1956.

4Ajaccio, Annecy, Bagnères de Luchon, Bourg Saint-Maurice, Briançon, Chamonix, Corte, Le Versoud, Jausiers, Modane, Oloron Sainte-Marie, Osseja, Pierrefite Nestalas, Saint-Denis de la Réunion, Savignac les Ormeaux et Saint-Sauveur sur Tinée.

5Murat, le Mont Dore, Munster, Les Rousses, et Xonrupt-Longemer.

6Confer l'arrêté du 29 mai 2009 relatif à l'implantation et à la composition des directions zonales, des délégations, des unités motocyclistes zonales et des compagnies républicaines de sécurité et l'arrêté du 19 décembre 2013 modifiant l'arrêté du 29 mai 2009 relatif à l'implantation et à la composition des directions zonales, des délégations, des unités motocyclistes zonales et des compagnies républicaines de sécurité 

7La spécialité montagne des CRS est assurée depuis 1948.

8Cette CRS dispose de postes de montagne basés dans les stations d'Alpe d'Huez, de Courchevel, de Modane

9Cette CRS dispose de postes de montagne basés à Bagniéres-de-Luchon, Saint-Lary-Soulan et Gavarnie.

10Et de la sécuité civile.