Une fine pluie tombe sur le canal, aux abords de la station de métro Comte de Flandre, porte d'entrée de la commune. Une des visites guidées qui serpente dans le Vieux Molenbeek débute sur la grande esplanade qui borde la station.
"On part d'ici, parce que c'est très accessible, puis on va visiter des projets qui montrent un certain dynamisme dans la commune", explique Bert De Bisschop de l'association Brukselbinnenstebuiten.
L'association propose des visites pendant toute l'année, mais ces derniers jours, l'image du cœur de Molenbeek a été tellement secouée, qu'il a fallu réagir : "Ces derniers temps, on a parlé du Vieux Molenbeek d'une manière très négative dans les médias. Nous nous sommes dit qu'il fallait donner un contrepoids à ces messages".
Résultat : une visite guidée sur-mesure, intitulée "Is dit Molenbeek?" Depuis que les visites ont été lancées, les réservations ne s'interrompent pas.
"Si on commence à s'arrêter devant la porte de Salah Abdeslam, j'arrête tout"
Hans Vandecandelaere propose lui aussi des visites (déjà toutes complètes), sous la bannière de la Brussels Academy. Cet historien vient d'écrire un livre, en néerlandais, "In Molenbeek".
Son espoir : amener une vision plus nuancée de la commune, surtout en Flandre. Il veut "lutter contre la stigmatisation d'un quartier, mais en restant critique".
Parce que des problèmes, il y en a. Samedi dernier, il a emmené un premier groupe en visite, mais pas question d'en faire un safari, de développer une forme de tourisme catastrophe. "Si on commence à s'arrêter devant la porte de Salah Abdeslam, je m'arrête tout de suite."
C'est quoi le vrai Molenbeek ?
Les visites organisées par Brukselbinnenstebuiten exploitent la même veine.
Au programme des guides : des logements sociaux particulièrement progressistes, le parc Bonnevie où se rassemblent toutes les composantes du quartier "francophones, néerlandophones, marocains, musulmans, catholiques", une école où les recettes de la mixité sociale ont pris et où parents de tous horizons se rencontrent et vivent ensemble,...
Lors des visites, les participants arrivent régulièrement avec les mêmes questions : "C'est quoi le vrai Molenbeek ? Ça ne peut pas être si grave que ça ?" La réponse n'est pas simple.
Le vieux Molenbeek vit des heures compliquées, qui demandent sans doute de s'arrêter pour y réfléchir. Bert De Bisschop conclut : "En tout cas, la curiosité est là. Et c'est en partant de cette curiosité qu'on peut faire quelque chose..."
