Sécurité en montagne : il a inventé le saint-bernard électronique

Trop de randonneurs ou d'alpinistes trouvent la mort faute d'avoir été localisés. Un gendarme vient d'inventer un procédé d'alerte simple disponible sur téléphone.

Sécurité en montagne : il a inventé le saint-bernard électronique

    C'est une révolution technologique qui pourrait s'avérer déterminante lors des drames en montagne. Elle est le résultat de la passion d'un gendarme, l'adjudant Olivier Favre, 39 ans, maître-chien d'avalanche au peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du Versoud (Isère).

    Ce « montagnard » a mis au point un dispositif automatique de géolocalisation de toute personne perdue ou blessée en montagne et qui pourra faire appel automatiquement à un service de secours à partir d'un téléphone portable. Un procédé déjà testé à trois mille reprises ces derniers mois et qui a prouvé son efficacité. Il sera généralisé peu à peu dans les différents centres de gestion des appels au secours. Une démarche qui vient d'être récompensée par le prix de l'innovation de la gendarmerie.

    Un SMS pour faire connaître sa position

    « Cette idée m'est venue comme une évidence, car je suis avant tout un secouriste de terrain, j'ai souvent les victimes au téléphone et j'ai toujours été attiré par la technologie. Il fallait juste la mettre au point et la décliner face aux problématiques du secours », résume avec sobriété l'adjudant Olivier Favre. Pendant ses loisirs et ses heures d'astreinte au PGHM, le sous-officier, qui a décidé de devenir sauveteur à l'âge de 14 ans, féru d'informatique, « bricole » ce procédé sur son ordinateur et le finalise en avril 2012 avant de se lancer dans la nécessaire phase de test pour la valider.

    Un procédé qui ne nécessite aucun téléchargement d'une application. C'est là son point fort ainsi que sa simplicité d'emploi. Tout bon randonneur, s'il respecte les règles de sécurité, doit avoir sur lui un téléphone portable et le numéro de téléphone du peloton de secours le plus proche de son lieu de randonnée ou d'une brigade des environs. « La victime peut être seulement égarée et, dans ce cas, on pourra la remettre sur le bon sentier. Ou elle peut être aussi le témoin d'un accident, ou elle-même en situation difficile. Lors de l'appel du requérant, comme on dit chez nous au centre de gestion des secours, son numéro apparaîtra sur nos écrans. Notre dispositif prévoit l'envoi d'un SMS avec un lien HTML intégré. Il suffit de cliquer dessus et d'accepter ce partage de positions et on sait en quelques secondes où vous êtes. », détaille l'adjudant Favre.

    En retour, sur les écrans cartographiques des postes de secours, les gendarmes ou CRS montagne visualisent la position exacte du randonneur en difficulté. Un procédé qui fonctionne même lorsque le réseau en montagne est dégradé.

    Réduire les coûts d'intervention

    « Localiser des personnes qui appellent au secours, c'est essentiel pour une bonne gestion de la prise en charge. Et cela permet surtout de réduire les temps d'attente, mais aussi une gestion optimisée pour réduire les survols inutiles et coûteux des hélicoptères en montagne et aller droit au but », insiste le gendarme.

    Depuis quelques jours cet outil dit « Gend Loc » est disponible dans le domaine public. Il a été confié à des étudiants en informatique, des chercheurs, mais aussi des gestionnaires de start-up sur le campus de l'université Paris-Saclay. « Le but est de développer ce procédé. Il faut le rendre généralisable, trouver d'autres usages et travailler encore à son amélioration dans d'autres domaines comme le covoiturage. Il faut savoir s'ouvrir à d'autres partenaires qui ont des compétences », prévient le lieutenant-colonel François Brémand, en charge de l'innovation au sein de la gendarmerie.