Point de vue : L’immobilier de plain-pied dans la révolution digitale

Le débat sur l’ "ubérisation" de nos économies en témoigne : la révolution numérique continue d’étendre ses effets. L’écosystème immobilier se sait aussi pleinement concerné. Alors que la France a adopté sa loi sur la transition énergétique, effets et opportunités des deux grandes révolutions de ce début de XXIe siècle s’interrogent mutuellement. Olivier Dressayre, directeur de la stratégie, du développement durable et de l’énergie de Poste Immo décrypte cette tendance.

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Point de vue : L’immobilier de plain-pied dans la révolution digitale
Olivier Dressayre, Directeur de la Stratégie, du Développement durable et de l’Energie de Poste Immo décrypte cette tendance

Notre secteur et nos professions, sans être pionniers, mais avec un impact potentiel considérable sur l’environnement, sont pleinement engagés dans la révolution digitale. Aux effets multiples, cette dernière induit des responsabilités nouvelles.

En effet, si le changement concerne bien sûr les immeubles eux-mêmes et tous leurs accessoires, progressivement intégrés au réseau mondial de l’internet des objets (voir, par exemple, le programme "French IoT" dont certains lauréats sont, de fait, des acteurs de l’immobilier), il porte bien au-delà. L’ensemble du cycle de vie des constructions est concerné, les métiers immobiliers sont appelés à changer, les chaînes de création de valeur sont remises en cause par de nouveaux acteurs aux pratiques aussi innovantes que l’appétit "ogresque" (songeons simplement, dans un champ connexe, à la disruption intervenue en peu d’années en matière d’annonces et de transactions immobilières).

La responsabilité des acteurs et décideurs est de penser, d’anticiper, ces mutations paradigmatiques, puis d’agir - vite de préférence car le rythme accéléré est aussi une caractéristique du monde numérique nouveau - pour préparer celles des ruptures qui ne sont pas encore évidentes.

Le numérique contribue déjà à une meilleure performance énergétique du  bâtiment en exploitation (connaissance fine des consommations, mobilisation des locataires et occupants, interface avec les réseaux de fourniture et de production). Visualiser ses consommations, repérer d’éventuelles anomalies, entrer dans une démarche de management énergétique sont autant de possibilités nouvelles qu’il faut pleinement mettre en oeuvre.

L’intégration du numérique dans l’immeuble, en tant qu’objet construit et exploité, présente de nombreux avantages. Tous les acteurs de la filière de la gestion et de la production du bâtiment prennent conscience de la nécessité d’optimiser la conception, la réalisation et l’exploitation, transformant profondément les pratiques professionnelles.

La maquette numérique ou le Building Information Modeling (BIM), par exemple, va permettre un travail collaboratif sur un support unique et va constituer une base de données techniques, standardisée et partagée. Les identités professionnelles et la valeur ajoutée de chaque partie prenante, en seront certainement chamboulées. Enfin, les "data", justement, constitueront, aussi dans nos métiers, un nouvel or noir dont l’extraction a toujours eu un prix.

Déjà les assurances voient, elles aussi, le BIM d’un bon œil. En effet, voilà une innovation qui peut diminuer les risques, en aval, inhérents à une mauvaise conception d’un immeuble. Ce seul exemple est révélateur du potentiel générique des technologies pour aller vers des bâtiments, puis des villes, réellement intelligents, répondant à l’impératif de transition écologique. L’impression 3D, qui a plus à voir avec le logiciel qu’avec Gutenberg, permettra bientôt de construire des structures inédites jusque dans l’espace (1) .

Au-delà, pourtant, de ces prouesses technologiques dont on s’émerveille à juste titre, l’écosystème immobilier est affecté par une mutation bien plus anthropologique, qui pose des questions éthiques.

Sans naïveté, des raisons d’être durablement optimistes

On le réalise bien : la révolution numérique a pour l’essentiel des avantages pour la productivité, la qualité, l’adéquation aux besoins, la maîtrise des coûts économiques et environnementaux (maîtrise des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre). Par exemple, dans une étude publiée par l’Observatoire de l’immobilier Durable en 2013 (2), on estime que les charges environnementales (énergie, eau, déchets) représentent 26% du coût d’exploitation d’un immeuble à usage principal de bureaux. Par exemple, dans une récente étude, on estime à 30% les économies d’énergie liées à l’utilisation et l’exploitation d’un site. La révolution numérique et le développement des bâtiments responsables représentent ainsi un réel levier de performance. Elle comporte aussi nombre d’inconnues et des risques sur lesquels il serait dangereux de se voiler la face. Ainsi, la captation et le traitement d’un nombre sans précédent de données autour des usages et des comportements méritent d’être vigilants sur leur bonne utilisation, à des fins utiles et mesurées, pour délivrer de nouveaux services immobiliers pertinents socialement.

Au service de leurs clients et de la société dans son ensemble, les acteurs de l’immobilier ont d’immenses bénéfices à tirer et à partager de la révolution numérique dont ils s’approprient toujours plus les technologies et les usages. Par la connaissance et l’intelligence nouvelles qu’elle apporte aux données, par l’ouverture et la collaboration qu’elle autorise entre acteurs, la révolution numérique répond aux enjeux d’un développement plus responsable, tant dans les économies avancées que dans celles qui émergent. Une des dimensions de la responsabilité n’en reste pas moins de concilier audace et précaution.

(1) The Economist/Technology quaterly September 5th

(2) Le Baromètre 2013 de la performance énergétique et environnementale des bâtiments tertiaires.

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