Festival des Templiers : Thierry Breuil remporte une course inédite !

Les détracteurs reprochent souvent au festival des Templiers d’être devenu une sorte de "machine" à débiter des courses surpeuplées et ultra-sécurisées. C’est peut-être pas totalement faux. Il n’empêche, les événements sportifs capables de se réinventer tous les ans sont rares. Et ce festival en fait parti.

La preuve, vendredi, 52 "grands" coureurs et trois athlètes féminines de haut niveau ont eu le privilège de vivre une expérience incroyable et inédite en France en prenant le départ, en pleine nuit, de la Solitaire des Templiers. Jusqu’au bout, jusque dans leur entrée dans le bus, le parcours est resté un secret. Seulement, savaient-ils qu’ils allaient être “lâchés” au milieu de nulle part, avec pour mission, de rallier 18 balises sans la moindre assistance, ni repères, si ce n’est une carte de “navigation” qui leur a été fournie quelques instants avant le départ donné... dans la grotte de Dargilan! À l’intérieur de ce site magique, ouvert exceptionnellement pour l’occasion, les athlètes ont d’abord attendu dans le noir...

Une victoire au courage

Puis le silence religieux du lieu fut brisé par les premières notes de Out of the Week-end de Neil Young, une merveille folk de l’artiste canadien, sortie d’un tourne-disque posé dans un coin. Déboussolés, voire carrément en état de “transe intérieure”, les athlètes ont ensuite surgi sur la terre ferme pour disputer, à la frontale tout d’abord, les premiers des 65 kilomètres de cette épreuve au balisage volontairement minimaliste.

Livrés à eux-mêmes, ils ont alors cheminé de causse en causse, progressant sur des arêtes, dans le creux d’anciennes beaumes, coupant à travers des ravins isolés et des champs. Parfois à tort, parfois à raison, à l’image de Thierry Breuil, dont la connexion avec le terrain fut certainement la clé de sa réussite. "Très mal parti", comme il l’a confié, l’ancien vainqueur des Templiers, âgé de 43 ans, a retrouvé une belle respiration à la mi-course, alors que les deux autres favoris à la victoire (l'Aveyronnais Thomas Saint-Girons et Christophe Malardé) commettaient des erreurs de carte. "J’ai pris des risques, en faisant des “coupes” franches. L’une m’a aidé à prendre la tête, puis j’ai dû lutter contre l’hypothermie. Mais j’ai tenu, au mental et au courage. Je ne sais pas si cette Solitaire sera le dernier trail que je gagnerai dans ma carrière, mais si c’est le cas, alors je suis fier car que cette course fut belle", a-t-il murmuré devant la foule venue l’applaudir à son arrivée à Millau, à la mi-journée (NDLR, Thierry Breuil sera au départ ce dimanche matin du Grand Trail des Templiers).

"Cette Solitaire, elle montre qu'on continue à faire des choses avec le cœur"

Des mots qui ont forcément touché Gilles Bertrand, apparu ému, lui aussi. "Cette épreuve, souligne l’organisateur millavois, elle montre qu’on continue aux Templiers à faire des choses avec le cœur, des choses déraisonnées qui échappent aux contraintes d’un gros événement. Cette Solitaire représente la liberté qui pouvait souffler sur les origines du trail. On ne regrette pas de s’être arrachés pour la créer."

Au classement, Thomas Saint-Girons a terminé second. Suit, à la 3e place, Benoît de Préville. Notons aussi que les Millavois Benjamin Frayssinet, “Jibé” Maresse et Lionel Planes se sont respectivement classés 4e, 7e et 8e. Joli !