France - Société Ces attitudes qui ruinent le quotidien des personnes âgées

Souvent, les personnes maltraitantes n’ont pas conscience de porter atteinte au bien-être des seniors. Un numéro national – le 3977 – permet de signaler les cas de mauvais traitements.
Élodie Bécu - 15 juin 2015 à 07:00 | mis à jour le 15 juin 2015 à 07:17 - Temps de lecture :
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Les personnes âgées subissent parfois des petites humiliations, dénonce Pascal Champvert, président de l’AD-PA.  Photo J. Pelaez
Les personnes âgées subissent parfois des petites humiliations, dénonce Pascal Champvert, président de l’AD-PA. Photo J. Pelaez

C’est aujourd’hui la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées. « Ce crime odieux, survient souvent dans le secret des espaces privés, ce qui rend encore plus nécessaire sa dénonciation publique dans les termes les plus forts », a expliqué Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, pour souligner l’importance de parler du sujet.

Au-delà de la violence visible – la maltraitance physique ou financière (abus de la faiblesse de la personne pour lui soutirer de l’argent)- ce sont les petits « mauvais traitements » du quotidien qui pèsent sur nos aînés. « Les violences physiques ou financières sont minoritaires – de l’ordre de 4 % des maltraitances – et sont facilement repérables. Elles sont vite réprimées par la police et les juges », note Pascal Champvert, président de l’AD-PA, qui regroupe au plan national les directeurs de services à domicile, de coordinations et d’établissements pour personnes âgées.

Négligence

La partie cachée de l’iceberg est plus difficilement identifiable. Il s’agit de la négligence au quotidien qui pèse sur le bien-être des plus âgés. On les appelle les maltraitances « par inadvertance » : le non-respect de la douleur ou de l’intimité de la personne, les humiliations, le manque d’hygiène. Les maltraitances sont rarement le fait de personnes « méchantes ». Souvent, elles n’ont pas conscience de la portée de leur comportement.

« Il est parfois difficile de savoir où commence la maltraitance : menacer d’une privation d’activité, est-ce du chantage, une maltraitance psychologique, ou la seule solution trouvée pour qu’une personne accepte de se nourrir ? », interroge le site du 3977, numéro national en invitant à appeler pour lever le doute. Depuis sa création, en 2008, ce numéro pour signaler les maltraitances, à domicile ou en établissements, a reçu plus de 150 000 appels, assuré plus de 97 000 actions de suivi pour près de 26 000 situations de maltraitance.

Pour Pascal Champvert, la « petite maltraitance » est le reflet du peu de considération que notre société accorde aux personnes les plus âgées. « Les moyens accordés aux services aux personnes âgées sont inférieurs aux autres. Dans mon établissement, j’ai créé une crèche : les obligations d’encadrement des enfants sont beaucoup plus fortes que celles des personnes âgées. Dans ce domaine, les pouvoirs publics poussent plutôt à des économies ! », dénonce le président de l’AD-PA.

Résultat : des personnels débordés dans les Ehpad qui ne parviennent parfois plus à être à l’écoute. « On n’accepterait pas pour nous enfants ce que vivent nos personnes âgées ! », dénonce-t-il.