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Aux Etats-Unis, le mont McKinley n’existe plus

Le point culminant des Etats-Unis, en Alaska, portera désormais son nom traditionnel, le mont Denali, « celui qui est haut » en dialecte local.

Le Monde avec AP

Publié le 31 août 2015 à 16h22, modifié le 31 août 2015 à 18h38

Temps de Lecture 3 min.

Le mont Denali, anciennement mont McKinley, par Nic McPhee (Flickr, licence Creative Commons).

C’est la fin du mont McKinley, le point culminant des Etats-Unis. La montagne, qui s’élève à 6 194 mètres, va en effet retrouver sa dénomination d’origine, mont Denali, a annoncé dimanche 30 août Barack Obama, le président des Etats-Unis, attendu en Alaska pour une visite de trois jours.

Ce nom, issu des langues amérindiennes, signifie dans un dialecte local « celui qui est haut ». Ce changement d’appellation répond à une attente forte des populations autochtones, mécontentes que la montagne ne soit pas reconnue avec son nom traditionnel malgré son importance dans l’histoire et la culture de la population locale des Athabascans.

« J’aimerais remercier le président pour avoir travaillé avec nous pour effectuer ce changement et témoigner son honneur, son respect et sa gratitude aux Athabascans d’Alaska », a déclaré Lisa Murkowski, sénatrice de l’Alaska, qui a milité pendant des années en faveur de ce changement. « C’est symbolique, mais désormais toutes les cartes et descriptions porteront le nom traditionnel », a expliqué au Washington Post Julie Kitka, présidente de l’Alaska Federation of Natives. Le décret actant le changement de nom a été signé le 28 août.

Un débat vieux d’un siècle

Le pic avait été baptisé officiellement en 1896, alors que William Dickey, prospecteur, explorait les montagnes au centre de l’Alaska. En apprenant que le républicain William McKinley, ex-gouverneur de l’Ohio, avait été désigné par son parti pour briguer la présidence du pays, il a décidé de nommer le sommet en son hommage. McKinley devint le vingt-cinquième président des Etats-Unis, mais il ne mit jamais les pieds en Alaska.

Comme le raconte The Washington Post, la question de la dénomination de cette montagne fait débat depuis des années. Dès 1913, le missionnaire Hudson Stuck a déposé un appel devant la commission américaine chargée des noms des sites géographiques, plaidant en faveur du retour à l’appellation amérindienne. A ses yeux, les populations autochtones avaient bien plus besoin de ce type de reconnaissance qu’un homme dont le visage était déjà présent sur les billets de 500 dollars. Mais sa tentative fut vaine.

Si le débat est resté latent pendant plusieurs décennies, il a repris de l’ampleur en 1975, lorsque les autorités de l’Etat d’Alaska ont officiellement appuyé un changement de nom, entraînant une réaction en chaîne des représentants de l’Ohio au Congrès. Le républicain Ralph Regula, élu du district où a grandi William McKinley, a obtenu que la réserve naturelle où se trouve le sommet soit rebaptisée « parc Denali » sans incidence sur la dénomination du sommet lui-même.

La fibre patriotique

Son compromis n’a pas clos la controverse, la déplaçant sur le terrain patriotique : l’hommage à un « président martyr » – McKinley a été assassiné en 1901, au cours de son second mandat. Dans un éditorial datant du mois de juillet, The Colombus Dispatch estimait que la résolution de M. Regula devrait être inversée : rebaptiser le parc du nom de l’homme politique – « qui ne lui portait aucun intérêt et qui n’a jamais posé un pied à proximité » – et rendre au pic son appellation d’origine.

Le républicain John Boehner, président de la Chambre des représentants, a aussi fait part de sa « profonde déception » après l’annonce de la Maison Blanche, louant dans un communiqué l’héritage d’un politicien qui « a servi son pays avec les honneurs lors de la guerre civile ».

(Traduction : « Il y a une raison si le nom du président McKinley a été donné au plus haut sommet d’Amérique du Nord depuis plus de cent ans. »)

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Loin de clore un débat vieux d’un siècle, la décision de l’administration Obama pourrait faire de ce sujet un argument politique, alors que la course à la présidentielle de 2016 est déjà amorcée.

C’est en tout cas ce que laisse présager la réaction du républicain Rob Portman, sénateur du district de l’Ohio où est né William McKinley.

(Traduction : «  Cette décision est un nouvel exemple de la manie du président d’aller à l’encontre du Congrès. »)

Le Monde avec AP

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