Vessel  (prononcez «Vaisselle » à la Parisienne ou « Vai-zeul » si vous voulez faire plus anglophone),  est un « Youtube Killer ». Un de plus… Vraiment ?

Lancé par Jason Kilar, le fondateur de la plateforme SVOD Hulu, Vessel est une plateforme vidéo qui propose pour 2,99 $ par mois un accès prioritaire et sans pubs aux meilleures vidéos du web. Autrement dit pour un peu moins de 3 euros vous pourrez voir les dernières vidéos de Norman, Machinimia ou le dernier clip d’Eminem 72h avant tout le monde : entendez avant Youtube, DailyMotion etc.Formation webmarketing

L’exclusivité de 72h est un minimum imposé par la plateforme, mais les auteurs qui le désirent peuvent la prolonger aussi longtemps qu’ils le souhaitent.

Plus intéressant pour les auteurs (?)

Pour convaincre les créateurs de mettre leurs contenus d’abord sur Vessel, voire de prolonger la période d’exclusivité, Kilar propose un partage des revenus avec les auteurs plus avantageux que sur Youtube. Vessel propose ainsi 60% du revenu des abonnements pour les contenus exclusifs (YT propose au mieux 55% des revenus générés par les prérolls publicitaires).

Traduit en numéraire et selon les calculs de la plateforme, cela donnerait un revenu de 50 dollars par 1.000 vidéos vues pour les auteurs: Un CPM 10 à 20 fois supérieur à ce que ces mêmes auteurs peuvent espérer recevoir sur une autre plateforme vidéo. Dans le cas précis de Youtube, cela peut représenter jusqu’à 200 x le CPM de base. (voir devenir riche avec ses vidéos sur Internet ?)

Bien sûr il faut relativiser ces chiffres avec l’audience que fera Vessel (la plateforme est toujours en phase beta et accessible sur invitation uniquement). De son coté, Youtube ne rémunère peut être qu’en fonction des vidéos vues (à condition que la pub ne soit pas « skipée ») mais avec son milliard de vidéos vues quotidiennement, la plateforme a pour quelques temps encore de solides arguments en sa faveur.

Un modèle intéressant… mais pas gagné

L’initiative Vessel est très intéressante car elle illustre parfaitement plusieurs problématiques du monde de la vidéo en ligne.

Le modèle de rétribution par la publicité est invivable pour les auteurs, les revenus générés sont tellement faibles que même en produisant à très petit budget il est exceptionnel de réussir à gagner sa vie[1]. Une web-production de base c’est  500 euros par minute montée. Pour récupérer cet investissement il faut au minimum 140.000 vues vendues.  Pour rappel, selon ReelSeo, la moyenne des vues par vidéos sur Youtube c’est 6.638… On est loin du compte.

Pour les plateformes elles même, le modèle gratuit financé par la publicité n’est pas rentable selon plusieurs sources, même Youtube ne serait toujours pas capable de générer du bénéfice après 10 ans d’existence. Pour sortir de cette situation la plateforme de Mountain View (mais également DailyMotion et Yahoo Video) proposent des channels payants mais sans grand succès pour le moment essentiellement à cause de l’opacité dans la manière de calculer ce qui revient (reviendrait) aux auteurs.

Le modèle de l’abonnement est celui qui a l’air le plus réaliste, et ce n’est sans doute pas un hasard si les plateformes de (S)VOD comme Hulu ou Netflix sont les seules à faire quelques bénéfices pour le moment. A condition toutefois de résoudre l’épineuse équation à trois variables : Coût de l’abonnement vs. Coût d’acquisition des contenus vs. Qualité et exclusivité des contenus.

Pour réussir Vessel devra surmonter un double challenge : attirer du contenu en quantité et en qualité suffisante mais également acquérir une audience assez significative pour que son modèle économique séduise les auteurs et puisse être considéré comme une alternative, ou au moins un complément à YouTube.

Le pari est donc loin d’être gagné, mais avec 75 millions de capitaux de base, le projet de Kilar à de la ressource …

Si ce sujet vous intéresse ;


[1] Oui il y a des Norman, des Cyprien, des PewDiePie etc. Mais cela représente quoi ? 0,01 % des Youtubers ? Je n’en suis même pas sûr.