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La Toscane dictée par Google

Sous prétexte de modernité, le touriste connecté s’expose à un voyage formaté.

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Publié le 13 octobre 2014 à 17h51, modifié le 19 août 2019 à 14h36

Temps de Lecture 2 min.

Près de Sienne, en octobre 2014.

Cueillir du thym, émincer des girolles, éplucher une gousse d’ail, préparer un tiramisu, sans oublier le verre de Chianti à portée de main. Andrew Brennan, originaire de Pennsylvanie, prend apparemment plaisir à cuisiner au milieu des vignes, des oliviers et des cyprès, au cœur de la Toscane. Las, le jeune homme ne comprend pas un traître mot de la langue de Dante. Pour réussir sa recette rédigée en italien, il empoigne son smartphone, le place à l’horizontale devant sa bouche et lui parle : « OK Google ! Comment dit-on champignon en italien ? » La réponse apparaît quelques secondes plus tard, en anglais. Il suffit d’effleurer un petit micro dessiné sur l’écran tactile pour qu’une voix féminine et néanmoins synthétique déclame la traduction.

M. Brennan, qui travaille au service presse du siège londonien de Google, tient à démontrer le caractère indispensable des applications mises à disposition par son employeur. Lors de son court séjour en Italie, il sollicite son smartphone en permanence : pour traduire des indications ou un menu, converser avec des riverains et, le jour du départ, vérifier l’horaire de son avion. L’appareil, fixé au pare-brise de la Fiat Cinquecento rouge choisie pour la virée toscane, affiche comme il se doit la carte de Google et dicte la direction à prendre.

« Intelligence collective »

 

L’application Google Now va plus loin, en synchronisant toutes les informations que l’on a bien voulu confier à l’appareil : recherche d’un itinéraire, choix d’un hôtel ou d’un mode de transport. Les fonctions proposées par la société californienne sont fondées sur le rapprochement entre données de natures diverses, obtenues à l’aide des mails reçus, des trajets effectués, voire de la météo du jour. Le moteur de recherche se targue également d’analyser la fameuse « intelligence collective », qui permet de prédire le prochain embouteillage comme la future épidémie de grippe. Autrement dit, le smartphone conseille principalement à son utilisateur des activités… qu’il a déjà effectuées. Il suffit d’avoir contacté, une fois, une compagnie de taxi pour se voir proposer le même service régulièrement.

Dans le centre historique de Florence, le smartphone repère l’emplacement et la description du Palazzo Vecchio, du Dôme et du Musée des Offices, les monuments les plus visités de la ville. S’il venait à sortir des sentiers battus, le visiteur retrouverait son chemin, orienté par Street View, cette fonction qui archive inlassablement les rues, bâtiments et paysages du monde entier. Toutes les photos prises par l’appareil au cours de la balade sont immédiatement géolocalisées, permettant à Google de composer, quelques jours après le retour, un « week-end en images » qui ne brille pas par son originalité. Puisque c’est le moteur de recherche qui sélectionne lui-même les « belles » photos : un algorithme est capable de déceler les images susceptibles de satisfaire l’œil humain. Bigre…

Au bout de quelques heures de ce régime, on a envie de s’asseoir à une terrasse et de lire un journal papier, pour changer. Le téléphone portable, lui, s’est déchargé, épuisé par tant de sollicitations. On peut partir dans la ville, à pied, en espérant s’y perdre, enfin.

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