Les ambitions de Google dans les télécoms ont de quoi faire trembler les acteurs du secteur
Après son récent investissement dans SpaceX et ses intentions de devenir opérateur mobile virtuel aux États-Unis, Google affiche une volonté d’occuper l’ensemble du spectre télécoms, de l’OS mobile jusqu’à l’infrastructure en fibre optique. Le responsable de ces sujets, Craig Barratt, est au même niveau de hiérarchie que le patron de Chrome et Android.
Emmanuelle Delsol
À quelques heures d’intervalle, le 21 janvier, on apprenait que Google s’apprêtait investir 866 millions d’euros (un milliard de dollars) dans l’entreprise d’exploration spatiale Space X d’Elon Musk, et qu’il devrait aussi, probablement, devenir opérateur mobile virtuel (MVNO) aux États-Unis sur les réseaux des opérateurs T-Mobile et Sprint. Deux étapes majeures dans la stratégie télécoms de Google. La première consiste à contribuer à la conception et au déploiement d’une infrastructure en partie sienne (en l’occurrence une constellation de satellites). La seconde est de devenir pour la première fois opérateur de téléphonie mobile. Pour ceux qui en doutaient encore, le Californien dispose bel et bien d’une stratégie dans les télécoms. Et, sans surprise, elle est ambitieuse.
Au commencement était Android
Depuis déjà plusieurs années, le géant Californien pose, un à un, ses pions sur l’échiquier de la connectivité. La face émergée de l’iceberg Google télécoms s’appelle bien entendu Android. Le système d’exploitation pour la téléphonie mobile que Google a acquis en 2005. Bien qu’en chute face à un Apple de nouveau au sommet, il continue de dominer près de 77% du marché des équipements mobiles. De plus, il s’immisce de plus en plus dans divers objets connectés, dont l’un des plus importants : l’automobile. L’acquisition de Motorola en 2005 (aujourd’hui revendu) l’a aussi doté d’un portefeuille conséquent de brevets dans le domaine. Et depuis le début 2015, il pousse son Ara, un smartphone modulaire.
Satellite, fibre, ballons et drones
Depuis quelques mois, Google a mis un accent tout particulier sur l’infrastructure. Il s’intéresse ainsi de très près aux satellites, qui lui permettraient une couverture globale de la planète, comme le démontre son implication dans Space X. Il avait déjà investi, en 2007, dans le projet O3B de lancement d’une centaine de microsatellites. Il s’aventure aussi dans des projets plus iconoclastes, dans des contrées lointaines comme la Nouvelle-Zélande, avec son projet Loon de ballons stratosphériques connectés démarré en 2013. Au printemps 2014, il a acquis le constructeur de drones Titan Aerospace convoité par Facebook, également pour connecter la Planète.
Dès 2011, las d’attendre que les opérateurs trop lents à son goût veuillent bien déployer du très haut débit, Google a aussi décidé de creuser plus pragmatiquement quelques tranchées à Kansas City (Kansas et Missouri) pour y passer de la fibre optique... Depuis, les villes américaines se disputent les faveurs du Californien qui a des projets similaires en Afrique (en Ouganda, par exemple.) En 2013, le Wall Street Journal rappelait que Google contrôlait déjà 160 000 kilomètres de fibre dans le monde. Et que, comme Facebook, il avait investi dans des câbles sous-marins entre les continents américain et asiatique.
Un patron pour la stratégie télécoms
Dernier signe de l’importance que prennent les télécoms pour Google : l’apparition durant l’été dernier de Craig Barratt parmi les cadres dirigeants de l’entreprise, avec le titre de vice-président senior de l’accès et de l’énergie. Autrement dit, Google a placé le responsable des réseaux et de l’énergie (les fermes solaires et éoliennes de Google) au même niveau dans la hiérarchie qu’un Sudar Pichai, par exemple (en charge d’Android, Chrome et Google Apps). Il serait sans doute sage pour les traditionnels opérateurs télécoms d’observer de plus près les intentions à leur encontre de Larry Page et Sergei Brin.
Emmanuelle Delsol
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